Maßnahmen gegen Observation (Techniques de contre-surveillance) est une brochure parue en allemand en juin 2011. Elle décrit certaines techniques de surveillance mises en place par les États pour surveiller des individus et des groupes (notamment dans le contexte de l’Allemagne), ainsi que des moyens de lutter contre cette surveillance.
Cette brochure peut être téléchargée ici (en allemand) :
Parmi les chapitres qui sont en lien avec le sujet qui nous intéresse, c’est-à-dire l’étude des dispositifs de surveillance physiques cachés par les flics dans nos espaces de vie, on peut citer :
- Peilsender (Balises) page 30. Ce chapitre explique deux techniques de localisation possibles pour des dispositifs de surveillance placés sur des véhicules (par signaux radio et par GPS), ainsi que deux types de balises (les Quick-Pack placées à l’extérieur du véhicule et les dispositifs fixes cachés à l’intérieur).
- Wanzensuche (Chercher des dispositifs de surveillance) page 51. À propos des cachettes possibles pour des dispositifs de surveillance dans des logements et des moyens pour les repérer.
- GPS-Peiler (Balise GPS) page 52. À propos des moyens de repérer des dispositifs de surveillance placés sur des véhicules.
- Peilsender finden (Trouver les balises) page 60. Ce chapitre décrit de nouveau, de manière plus précise, des moyens de repérer des dispositifs de surveillance placés sur des véhicules.
Nous avons sélectionné dans ces chapitres quelques extraits qui nous semblent apporter des éléments intéressants. Nous vous proposons ici une traduction en français de ces extraits.
À propos des balises sur véhicules utilisant la localisation par signaux radio :
Pour la transmission des données par radio, un petit émetteur est fixé sur la voiture-cible. La portée du signal est faible, à peu près de 2 km seulement en ville. Et pour pouvoir l’utiliser, les véhicules de filature doivent avoir le dispositif correspondant à bord : entre autres 2 antennes de réception. Les signaux indiquent par leur présence l’éloignement de la voiture cible et dans le même temps sa position en fonction des points cardinaux.
À propos des balises Quick-Pack placées à l’extérieur des véhicules :
La taille d’une balise dépend de la taille de la batterie utilisée, celle-ci est en général aussi grande qu’un gros livre de poche. Elle est fixée avec des gros aimants, quelque part vers l’arrière de la voiture, à l’endroit le plus discret possible et le plus protégé, mais aussi à un endroit rapidement accessible sans déclencher d’alarme. Les endroits les plus appropriés sont, en fonction des modèles, le bas de caisse autour des roues, le pare-choc, ainsi que les espaces vides autour des garde-boue ou du réservoir. Le moteur est un endroit où l’on regarde trop souvent pour être adéquat et vers le pot d’échappement un endroit peu approprié du fait de la chaleur. Le métal de la carrosserie a un effet de brouillage, mais qui est si faible qu’on peut s’en accommoder tant que le métal n’entoure pas totalement l’appareil. La balise dispose normalement d’une batterie haut de gamme avec une durée de vie de plusieurs mois et d’un capteur de secousses qui l’active dès que le moteur est mis en marche ou que la voiture roule. La balise localise ensuite progressivement le déplacement ; l’unité d’émission transmet ces données au central. Ainsi, les déplacements de la voiture-cible peuvent être suivis au mètre près depuis un bureau, 24h/24. Les données sont en outre enregistrées aussi sur la plupart des appareils afin que, même en cas de défaillance de l’unité d’émission, les données puissent être lues plus tard après récupération de la balise.
Une autre possibilité est de brancher la balise sur une source d’électricité du véhicule accessible depuis l’extérieur, par exemple des rétroviseurs réglables électriquement ou l’horloge de bord. Cette manipulation est moins discrète que de placer un « Quick Pack » sous une voiture et demande un peu plus de temps. Mais cela évite aussi d’avoir recours à une grosse batterie. Les unités d’émission et de réception peuvent tenir dans un petit paquet de cigarettes, et se logent donc facilement dans les rétroviseurs extérieurs des véhicules modernes.
À propos des balises fixes cachées à l’intérieur des véhicules :
Pour mettre en place un appareil combiné permettant l’enregistrement des trajets et des paroles, qui non seulement localise le véhicule-cible mais avec lequel les dialogues à l’intérieur du véhicule peuvent également être écoutés, un accès sécurisé à la voiture-cible est nécessaire, et le mieux est de pouvoir le faire dans un atelier. Il faut donc la plupart du temps « enlever » le véhicule pour quelques heures. Ceci implique des dépenses considérables et le risque d’être découvert. Lors du démontage du dispositif, les même problèmes reviennent. Les autorités peuvent être très inventives pour obtenir un accès discret au véhicule-cible. En Allemagne, dans la procédure d’enquête contre des membres supposés des « Militante Gruppen » (MG), les policiers allèrent jusqu’à saboter une barrière de parking, afin que le véhicule-cible ne soit plus à l’abri du vol et à placer une voiture similaire en échange de celle « enlevée » sur la place de parking.
Pour autant, le dispositif installé est autrement plus difficile à détecter que les balises citées précédemment, et ce même si l’on effectue des recherches précises dans ce sens. Les voitures actuelles ont beaucoup de recoins et peu de composants identifiables, de plus la complexité du système électronique rend difficile l’identification de mouchards branchés sur un circuit électrique, même avec des appareils de mesure professionnels. Néanmoins il faut prendre au sérieux comme un indice de balisage potentiel les problèmes de déchargement trop rapide de la batterie et tout dysfonctionnement électrique. La difficulté pour la police réside dans le choix de l’emplacement du ou des micros, car il y a beaucoup de bruit dans l’habitacle. En pratique, seules des bribes de conversations sont compréhensibles.
À propos des dispositifs de surveillance cachés dans des logements et des moyens de les repérer :
Les possibilités de camouflage dans un lieu sont multiples, surtout pour des puces autonomes en énergie. Pour les puces « classiques » qui ont besoin d’être reliées à une source d’électricité, les interrupteurs, prises de courant, téléphones ou autres sont des cachettes idéales. Celles-ci sont plus vite dénichées, mais on peut déjà avoir quelques soucis pour être certain d’avoir entre les mains des puces et non des pièces relatives à des installations électroniques inconnues. C’est d’autant plus difficile avec des puces autonomes. Il est souvent arrivé que des personnes trouvent des petites pièces électroniques chez eux qu’ils ont pris pour des puces, mais qui se sont révélées être absolument inoffensives.
Les puces qui sont repérables avec des détecteurs ou des appareils dérivés qu’on peut trouver sur internet sont en général basées sur un modèle des années 80, donc viennent peut-être d’un voisin malveillant, mais pas d’une agence de sécurité d’État. Il y a constamment dans les grandes villes un vaste champ de signaux électroniques de basse intensité qui ne se repèrent pas si facilement et qui sont surtout presque impossibles à analyser dans leur contenu ; la plupart ont des codes ou sont cryptés.
Seul l’équipement technique de détection coûtant plusieurs milliers d’euros est vraiment fiable, et il requiert, pour une utilisation correcte, une connaissance réservée aux services et entreprises spécialisées dans la sécurité.
Note à propos de l’extrait ci-dessus : nous pensons que la conclusion de cet extrait est à relativiser, et qu’il est possible de construire des connaissances collectives, y compris en ce qui concerne les outils de détection, pour faire face aux dispositifs de surveillance de l’État. Nous voulons essayer de contribuer à cette construction.
À propos des dispositifs de surveillance placés sur des véhicules et des moyens de les repérer :
On peut aussi chercher une balise GPS directement. Elle sera placée, comme il a déjà été décrit, selon deux schémas. Ou avec une batterie autonome, située dans un recoin de la voiture-cible. Ou fixée à l’intérieur avec une arrivée d’électricité prise depuis le système de la voiture. La balise est montée de façon à ne pas pouvoir bouger, ce qui impose des endroits aux bords assez rigides et cela peut se trouver sous la voiture. Il faut chercher par en dessous en introduisant le bras dans les endroits creux. Après une recherche poussée sous un pont mécanique, on a de grandes chances de trouver les balises éventuellement mises en place. Certaines sont tout de suite reconnaissables en tant que corps étranger vu qu’elles sont par exemple enrobées de scotch noir mais d’autres sont plus adaptées à s’insérer comme des pièces de voitures, de couleur ou dans des boitiers plastiques noirs et mats.
Le dispositif permettant les enregistrements des sons et des trajets, installé de manière permanente, est aussi à rechercher. Pour cela, il faut se munir d’outils de mécanicien et avoir du temps devant soi. Temps que les flics ont donc également dû prendre pour l’installer. Afin de mettre en place le dispositif de surveillance, la voiture doit être emmenée dans un lieu comme un garage pour y procéder aux opérations mécaniques. Cela veut dire que la voiture est empruntée par les flics pendant un certain temps. Et cela n’est pas toujours évident à faire et comporte de grands risques d’être remarqué. Il leur faut donc souvent de l’imagination et ils ont des protocoles précis à ce sujet. Cela n’est donc mis en œuvre que dans des circonstances où l’enjeu est important. La manipulation peut être rendue plus compliquée lors de la présence d’alarme, ou en garant son véhicule dans des parkings surveillés, ou directement devant la maison. Tout cela n’exclut pas que des professionnels décident de ne pas prendre la voiture et de le faire sur place bien que cela leur demande plus de technique et d’efforts, on peut ainsi penser qu’ils ne le font qu’en dernier recours. De plus, il est possible de laisser des marques qui indiqueront si le véhicule a été déplacé ou non.
Il faut aussi fouiller toutes les zones où se trouvent des dispositifs électroniques qui peuvent s’ouvrir et se refermer facilement à l’aide d’outils adaptés. Par exemple, les lumières intérieures, le tableau de bord, les portes, les rétroviseurs, le plafond et pièces fixées en hauteur, les sièges par contre ne peuvent s’ouvrir que difficilement sans laisser de traces. Pour cette raison, ce ne sont pas de bonnes planques. Il n’est pas rare de pouvoir reconnaître une intervention par l’état des visseries et autres fermetures. Si les pièces étaient rouillées, sales, ou poussiéreuses avant, par exemple. Un autre point faible de la mise en place de ces dispositifs, sont les bruits qui interpellent car les microphones doivent être mis à proximité de la place supposée de la personne-cible. Par exemple, dans les ouvertures pour les aérations ou au plafond avec les câbles de jonction placés le long des bords de la fenêtre. On nous a rapporté un cas d’installation d’un auto-radio trafiqué.
P.S. : si vous avez d’autres éléments de documentation intéressants à propos du sujet qui nous intéresse, vous pouvez nous contacter et nous les publierons.